Faire le juste, le bien, comment, pour quoi, pour qui ? Que ce soit La Chanson, Dans le nom, France-Fantôme ou ici La Réponse des hommes, chacune des créations de Tiphaine Raffier est traversée de grands mythes. C’est en s’intéressant au cycle du Décalogue de Krzysztof Kieslowski qu’elle a imaginé un spectacle en neuf chapitres, tandis qu’elle se préoccupait des thèmes du don, du contre-don, de la dette et du sacrifice. Neuf tableaux pour mieux donner à voir et à entendre chacune de ces injonctions bibliques que le spectateur parcourt, comme dans un musée. Sur le plateau, Tiphaine Raffier orchestre déplacements et arrêts sur image des acteurs en grand nombre ; leurs mouvements incarnent des gestes ancestraux confrontés à la réalité de notre monde contemporain. En mettant en scène les œuvres de Miséricorde (accueillir les étrangers, donner à boire aux assoiffés, assister les malades, visiter les prisonniers), Tiphaine Raffier convoque l’empathie du spectateur tout en le poussant dans ses retranchements : sommes-nous prêts à aller jusqu’au bout de nos engagements ? Sur quelle échelle de valeur morale situons-nous nos actes ? Qu’est-ce qui relève de la morale, de la justice ? C’est à cet endroit, cet imperceptible interstice où action et réflexion se croisent, que se situe le travail de Tiphaine Raffier.
