OTN – exposition octobre 2023

« Du Mexique à la Patagonie » Photographies par Christophe Chelé

© Christophe Chele Cusco - Nanterre tourisme
©Christophe Chelé

Mot de l’artiste à propos de l’exposition:

On m’a souvent demandé pourquoi cette passion pour l’Amérique Latine…

Je n’ai pas la réponse.

Fascination pour les navigateurs partis à la découverte des océans sur des coques de noix, pour les civilisations précolombiennes. Fascination pour des paysages vus dans la presse, à la tévé… Même les noms me faisaient rêver. L’Altiplano andin, la Cordillère, la Patagonie, le Nicaragua, le Guatemala, les Sierras Mexicaines, le Cap Horn et le Détroit de Magellan, la Pampa, l’Atacama, les Aztèques, Zapotèques, Chichimèques, Incas, Mayas etc etc. L’histoire, de la plus ancienne à la plus récente, me fascinait et me fascine toujours. Zapata, la révolution mexicaine, les Sandinistes, Allende, le Che…

(texte à suivre ci-dessous)

RDV à ne pas manquer:

  • Vernissage en présence de l’artiste le vendredi 06 octobre de 18h à 20h.

suite du texte de l'artiste

Alors un jour de 1995, je suis parti avec un copain au Mexique, 1 petit mois… De Mexico la tentaculaire et polluée, l’historique Tenochtitlan des Aztèques en passant par Monte Alban la Zapotèque, Palenque la Maya, San Cristobal de Las Casas et Oaxaca les coloniales, au milieu des sierras… Tout ça pour finir au bord de la plage à Tulum dans les caraïbes, le cul dans un hamac, et les pieds dans l’eau ou l’inverse… Noël 95.

 

J’étais accro… 1996, on y retourne… on pousse jusqu’au Guatemala. Derrière le décor de carte postale et les costumes colorés des Quichés, Mam et Cakchiquels, la fin de la guerre civile, les accords de paix entre la guérilla et le gouvernement, le racisme contre les populations Mayas, très palpable et visible, institutionnalisé. On finit toujours au bord de la plage. Iztapa, Noël 96.

 

1 mois, c‘est court… mon patron de l’époque me laisse partir 3 mois, d’Octobre 1997 à Janvier 1998. J’ai 3 mois pour aller de Guatemala Ciudad à San Jose au Costa Rica. J’emmène du monde dans l’aventure, mes parents restent 15 jours avec moi au Guatemala, puis une amie me rejoint, on file au Nicaragua, en passant par le Mexique et le Honduras, mon pote des aventures précédentes passe dire bonjour au Nicaragua. 3 mois de bus, à mater les paysages, à dormir dans des hôtels miteux, découvrir les villes coloniales mais surtout à faire des rencontres… Sarah la gamine Quiché qui nous a fait rater le bus à Panajachel, pour notre plus grand plaisir, Jimmy le honduro-jamaïcain et sa famille à Roatan, Don Manuel l’ex guérillero sandiniste à Esteli, Tia Lucy la restauratrice à Granada au Nicaragua, l’équipe de Handicap International, toujours au Nicaragua.

 

C’est bien l’Amérique Centrale mais c’est pas si loin que ça…1999, je file en Amérique du Sud… 3 mois pour aller de Santiago du Chili à Lima au Pérou. Tours et détours par l’Argentine et la Bolivie. Un bout de Patagonie chilienne et surtout, enfin le voilà, l’Altiplano, les hauts plateaux andins perchés à 4 000 mètres d’altitude, au pied des volcans fumants. Le rêve accompli, les paysages à pleurer de bonheur, béat d’admiration. Des voyages en train… le plus extraordinaire moyen de locomotion. Des tortillards inconfortables et lents. Toujours au pied des volcans. Je suis un gosse devant le plus beau des cadeaux de Noël… Ému, bouleversé, admiratif, heureux… P***n que je me dis… je l’ai fait, je l’ai vu. C’est sublime l’Altiplano, grandiose, immense, lumineux. Le lac Titicaca, le Machu Picchu, le désert d’Atacama, rien que les noms me faisaient rêver… les v’là pour moi… Je finis par quelques jours à Huanchaco au bord du Pacifique péruvien, il fait froid à 500 kilomètres de l’Equateur… entre lecture de pavés, emmitouflé sur la plage, longues promenades et photos.

 

S’ensuivent 8 voyages en Amérique Latine, le Panama, l’Equateur, encore la Bolivie, le Chili, l’Argentine, le Pérou et le Nicaragua.
J’ai poussé jusqu’à Puerto Williams en bateau, le grand Sud, les 50 èmes hurlants paraît-il… un bout du monde.
A Puerto Williams, le détroit de Magellan, la Terre de Feu et Ushuaia sont au nord… Après Puerto Williams c‘est le Cap Horn et l’Antarctique. Pour le marin de terre ferme (expression du poète chilien Pablo Neruda) que je suis, c‘est encore du rêve… le bout du monde le plus redouté et mythique des marins.

 

Puis ma chérie et le petit m’ont accompagné pour les derniers voyages… Pérou, Equateur, Chili. Il fallait bien que je les emmène voir… Nazca, les baleines à bosses, les déserts côtiers du Pérou et du Chili, l’Atacama, la Cordillère, Valparaiso, le Machu Picchu, Cusco… les nuits de bus interminables… les gares routières glauques.

 

De tout ça, il reste des milliers de souvenirs et autant de photos, En voici quelques-unes. La plupart sont des tirages argentiques scannés et retouchés tant bien que mal pour faire disparaître les rayures, taches et autres défauts. Elles ne sont que mes souvenirs de promenades, rien de plus.

 

L’Amérique Latine, c‘est une longue histoire, millénaire… des civilisations et des cultures accoutumées à tous les climats et latitudes. Une suite de conquêtes et de massacres… les Conquistadores, une bande de soudards pour la plupart illettrés, n’ont fait que poursuivre la tradition, améliorant l’art du massacre en y apportant la maladie, la servitude des peuples autochtones et la mise en esclavage de millions d’Africains. Les continents Américains ont perdu leur splendide isolement, les Européens y ont gagné leur hyper puissance.

 

L’Amérique Latine est le paradis des satrapes sanguinaires façon Pinochet, Videla, Estera Cabrera, Francia, Somoza, une litanie de crétins avides de pouvoir et de médailles. L’Amérique Latine est ultra conservatrice, corrompue, machiste, raciste, inégalitaire, sale, polluée, violente, elle vénère Jésus et le foot… Mais on s’y attache et on l’aime parce qu’elle est aussi belle, fantasque, farfelue, délirante, joyeuse, qu’elle est l’histoire… Elle est tout et son contraire.

 

Un grand merci à tous les latino-américains avec qui j’ai partagé quelques moments durant ces 12 voyages:

Edwyn, Lucy, Sarah, Manuel.

La vieille dame restauratrice de Puerto.

Williams qui m’a préparé une extraordinaire côte de porc et purée maison.
Le couple d’hôteliers de Tarabuco en Bolivie qui m’a dorloté pendant 3 jours.
Le môme et ses chiots à l’arrière du camion à Sucre.
L’alcoolo dingue de Maradona dans le train en Argentine, dans ce même train le chauffeur m’a emmené au village faire quelques achats retardant de ce fait l’arrivée du train à Salta.
Le serveur de Mexico à qui on a demandé notre chemin et qui est allé nous chercher un plan de la ville, gracieusement offert.
Le vieux monsieur qui me parlait d’Edith Piaf sur un banc dans un parc de Santiago.
L’architecte au chômage dans un bistrot de Matagalpa au Nicaragua.
La jolie chilienne assise à mes côtés dans le bus reliant Santiago à Antofagasta et qui dévorait le dernier bouquin de JP II…
Le gardien de nuit d’Handicap International qui me récitait du Ruben Dario, poète nicaraguayen qui est l’égal d’un Baudelaire pour les hispanophones.
Le môme cireur de pompes, au Sesteo, le bistrot de Leon où Dario avait ses habitudes. Je lui filais le prix du cirage de pompes sans qu’il ne s’abaisse à me les cirer.
La gamine, 10 ans pas plus, cireuse de pompes sous sa cagoule, shoeshine gringo me disait-elle, je lui ai dit « non merci gamin », elle m’a dit pourquoi gamin ? Je suis une gamine… C’était à La Paz en Bolivie. La soirée était froide.
Maribel, la gamine du village de l’Altiplano bolivien et son air renfrogné.
La vieille dame et sa petite fille dans la campagne de Tarabuco qui m’ont trouvé beau… Cheveux et yeux clairs, ça veut dire beau par là. Elles ne se doutaient pas que je parlais espagnol… Je les ai remerciées du compliment, on s’est marré…
A Taquile, une île du lac Titicaca, une gamine d’environ 5 ans me posait des questions en Quechua Je répondais en espagnol, elle ne le parlait pas.
Les Argentins qui m’ont emmené à Ushuaia en voiture depuis Punta Arenas au Chili puis invité à partager une orgie de bidoche chez eux.
Le guitariste de Livingstone au Guatemala grattant dans son hamac avec qui on a partagé une petite heure de musique.
Les dames qui m’ont emmené à l’hôtel à Rivas au Nicaragua, j’arrivais du Costa Rica, je n’avais même pas de guide avec moi…
Les épiciers-bistrotiers de Juigalpa au Nicaragua qui auraient bien aimé que je drague leur fille, genre 25 ans et très jolie. Un gringo est toujours un beau parti…
J’en oublie des dizaines…
Le taxi de nuit Pinochetiste de Punta Arenas sur le Détroit de Magellan qui se vantait de son Pinochetisme et qui chialait contre les ravages de l’ultra-libéralisme, même lui je le remercie….

 

Tout et son contraire quoi !

Exposition - idée de sortie - Programme de l'OT
OTN - exposition octobre 2023
-
4 rue du marché
92000 Nanterre
01 47 21 58 02Contacter par email
Dates / Heures
Programmes
Tarifs
Entrée libre